10
Certains gisaient dans les ténèbres mortelles,11
ils avaient bravé les ordres de Dieu12
soumis par lui à des travaux accablants,℟1
13
Dans leur angoisse, ils ont crié vers le Seigneur,14
il les délivre des ténèbres mortelles,℟2
15
Qu’ils rendent grâce au Seigneur de son amour,16
car il brise les portes de bronze,17
Certains, égarés par leur péché,18
ils avaient toute nourriture en dégoût,℟1
19
Dans leur angoisse, ils ont crié vers le Seigneur,20
il envoie sa parole, il les guérit,℟2
21
Qu’ils rendent grâce au Seigneur de son amour,22
qu’ils offrent des sacrifices d’action de grâce,
Commentaire
Crier sa plainte
La complainte de David commence par dire d’une manière poétique la souffrance de l’auteur.
Ce dernier fait ensuite l’éloge des deux principales victimes, unies désormais dans la mort : Saül et Jonathan, son fils qu’il a tenté quelquefois de supprimer.
Elle se termine par une plainte particulière pour des liens rompus, des liens d’amitié. En lisant ce texte, nous partageons la souffrance de l’auteur.
Certaines traductions concluent ainsi : « Pourquoi sont-ils morts, ces vaillants guerriers, pourquoi ont-ils péri, ces illustres soldats ? » D'autres traduisent par des cris : « Ils sont tombés, les héros ! Elles ont péri, les armes de guerre !» Exclamations ou questions, ces mots traduisent une révolte face à la vie et à la mort, face à Dieu.
Il est important que dans la Bible, nous trouvions des textes qui font une part à la plainte et à la révolte. Car c’est sain, la révolte ! Souvent, on ne se révolte plus, par exemple parce, passé l’âge, on sait bien que la révolte ne mène à rien ; on est devenu un peu fataliste.
Or, il faut garder cet esprit de révolte, comme disait un rescapé de la Deuxième Guerre mondiale : « L’essentiel, c’est de ne jamais accepter l’inacceptable. » Et j’ajouterais que l’essentiel est de ne pas laisser la révolte à l'intérieur de soi, il faut parler, dire sa plainte et sa révolte à l’image de ce texte. Bien sûr, cela n’apporte pas de réponse ; mais parler est bienfaisant.
Alors, comme c’est le cas dans cette complainte, osons exprimer nos révoltes, nos plaintes, nos questions, nos pleurs.
Jésus l’a fait en exhalant le cri du Psaume 22 : « Mon Dieu ! Mon Dieu ! Pourquoi m’as-tu abandonné ? »