1
Rendez grâce au Seigneur : il est bon,2
Rendez grâce au Dieu des dieux,3
Rendez grâce au Seigneur des seigneurs,4
Lui seul a fait de grandes merveilles,5
lui qui fit les cieux avec sagesse,6
qui affermit la terre sur les eaux,7
Lui qui a fait les grands luminaires,8
le soleil qui règne sur le jour,9
la lune et les étoiles, sur la nuit,10
Lui qui frappa les Égyptiens dans leurs aînés,11
et fit sortir Israël de leur pays,12
d’une main forte et d’un bras vigoureux,13
Lui qui fendit la mer Rouge en deux parts,14
et fit passer Israël en son milieu,15
y rejetant Pharaon et ses armées,16
Lui qui mena son peuple au désert,17
qui frappa des princes fameux,18
et fit périr des rois redoutables,19
Séhon, le roi des Amorites,20
et Og, le roi de Basan,21
pour donner leur pays en héritage,22
en héritage à Israël, son serviteur,23
Il se souvient de nous, les humiliés,24
il nous tira de la main des oppresseurs,25
À toute chair, il donne le pain,26
Rendez grâce au Dieu du ciel,
Commentaire
Un cœur qui écoute
L’histoire de Salomon est introduite par trois notices. La première cite ses grandes réalisations. Ici le mariage de Salomon avec une Egyptienne n’est pas critiqué, mais après la construction du Temple, le jugement deviendra contrasté (voir 1 Rois 11,3). La deuxième excuse une pratique condamnée par la suite: le culte sur les tertres élevés dans chaque ville. On y célébrait certes le Seigneur, Dieu d’Israël, mais peut-être pas exclusivement, et l’on tiendra par la suite à tout recentrer sur Jérusalem. La troisième est une appréciation de la conduite du roi. Il est le seul roi dont on dit qu’il «aime Dieu», ce qui est pourtant une exigence fondamentale du Deutéronome (par exemple en 5,6). L’amour n’est pas une émotion, mais l’expression de l’obéissance la plus totale envers Dieu.
En dépit de ces notices, on ne peut pas dire encore que le règne de Salomon a reçu sa légitimation de Dieu. N’est-il pas devenu roi au terme d’intrigues (1 Rois 1 et 2)?
La légitimation royale de Salomon lui est accordée dans un rêve. Dans ce rêve, un dialogue apparaît comme dans certains psaumes «royaux»: «tu as satisfait le désir de son cœur (celui du roi) … Tu prends les devants pour le bénir de bienfaits… Il t’a demandé la vie, tu la lui as donnée» (Psaume 21,3-5). En prenant les devants pour engager le dialogue, Dieu légitime Salomon comme interlocuteur et comme roi.
Toute la bénédiction du règne de Salomon lui est donnée avec son rêve. Salomon le confirme par les sacrifices et les banquets offerts. A noter que le caractère «gênant» des sacrifices offerts sur le tertre de Gabaon est «corrigé»: tout se passe à Jérusalem, devant l’arche de l’alliance (voir 2 Chroniques 1,6 qui fait la «correction» complète).
Le centre du rêve de Salomon est constitué par l’offre de Dieu. Que demander à Dieu? Le jeune homme ne se sent pas préparé au regard de l’importance de sa tâche «au milieu» (et non à la tête) du peuple de Dieu. Ce peuple est certes celui que Dieu a choisi, et son caractère innombrable est là pour attester de la promesse faite autrefois (Genèse 22,17). Mais ce peuple est «lourd» (TOB: «important»), donc difficile à diriger.
Ce que demande et reçoit Salomon, c’est un cœur qui écoute, autrement dit une intelligence pour juger, qui ne se contente pas d’informations hâtives ou de présomptions.
Dieu donne en sus à Salomon ce qu’il n’avait pas demandé: la richesse et la gloire, une longue vie aussi, mais sous condition. Cela se passe un peu comme dans la déclaration de Jésus: «Cherchez d’abord le Royaume et la justice de Dieu, et tout cela vous sera donné par surcroît» (Matthieu 6,33).