10
Le malheur ne pourr
a te toucher,
ni le danger, approch
er de ta demeure :
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il donne missi
on à ses anges
de te garder sur to
us tes chemins.
12
Ils te porter
ont sur leurs mains
pour que ton pied ne he
urte les pierres ;
13
tu marcheras sur la vip
ère et le scorpion,
tu écraseras le li
on et le Dragon.
~
14
« Puisqu’il s’attache à m
oi, je le délivre ;
je le défends, car il conn
aît mon nom.
15
Il m’appelle, et m
oi, je lui réponds ;
je suis avec lu
i dans son épreuve.
« Je veux le libér
er, le glorifier ; †
16
de longs jours, je ve
ux le rassasier, *
et je ferai qu’il v
oie mon salut. »
Commentaire
Une grande difficulté à aimer…
A la déclaration d'indépendance des riches, les paroles de l'épître opposent un appel à l'allégeance à Dieu qui prête attention aux clameurs des pauvres. Malheur aux riches! Plutôt qu'une malédiction qui tiendrait quiconque à distance, « Qu’ils sont malheureux…» est un constat ou un avertissement ouvrant à cette seule véritable amitié pour le monde qui tienne: une amitié où le manque et par conséquent la possibilité du don ont leur place.
Le psychanalyste Jacques Lacan considère que le manque est indissociable de l'amour: ce qui aimante deux êtres réside dans leur manque respectif et dans l'illusion féconde que l'autre pourrait suppléer à cette carence.
Ainsi, aimer équivaudrait à donner son manque.
Le riche, encombré par un excès d'abondance risque de ne pas avoir réellement accès au don et par conséquent de ne pas pouvoir faire l'épreuve de l'enjeu véritable de l'amour.
Conscient des arrière-plans théologiques de sa conception, Lacan dit: «Il y a chez le riche une grande difficulté d'aimer – ce dont un certain prêcheur de Galilée avait déjà fait une petite note en passant. Il vaut peut-être mieux le plaindre, le riche, sur ce point plutôt que le haïr, à moins qu'après tout, le haïr ne soit un mode de l'aimer, ce qui est bien possible.»