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Dans ma détresse, j’ai crié vers le Seigneur,2
Seigneur, délivre-moi de la langue perfide,3
Que t’infliger, ô langue perfide,4
La flèche meurtrière du guerrier,5
Malheur à moi : je dois vivre en exil *6
Trop longtemps, j’ai vécu parmi ces gens7
Je ne veux que la paix, mais quand je parle
Commentaire
Hélas ! …
Dans certaines rubriques de journaux, on distribue des cactus ou des roses, des ‘bravo’ ou des ‘hélas !’ pour qualifier ce qu’on aime ou pas.
Esaïe commence par attribuer un ‘hélas !’ au peuple et prend la création à témoin. Un ‘hélas !’ motivé par la manière dont sont vécues les relations humaines corrompues par la violence et l’hypocrisie. Par la manière dont est vécue la relation
à Dieu, dans l’abandon et le mépris. Un ‘hélas !’ qui est le cri des souffrances que traverse le peuple – il n’y a plus un endroit du corps social qui n’ait pas reçu son horion. L’âne et le bœuf sont reconnaissants envers leur détenteur des soins qu’ils reçoivent : pourquoi donc le peuple laisse-t-il son corps se couvrir des plaies de son ingratitude ?
Poursuivant son constat dès le v. 11, le prophète dresse maintenant un état de la situation religieuse. Ritualisme dépourvu de sens, automaticité des attitudes, importance posée sur les aspects formels et extérieurs. Rien de ces pratiques ne ‘relie’ à Dieu – serait-ce donc cela, la ‘religion’ ?
Ces rites et habitudes sont, malgré tout, en parfaite conformité avec les exigences cultuelles. Ce n’est pas leur existence comme telle que le prophète met en cause mais la manière de les vivre. Un manque total de cohérence, voilà ce qu’il pointe : l’obéissance à Dieu ne postule-t-elle pas aussi le respect, la prise en compte du prochain, de ses besoins, de ses attentes ?
Il est urgent de retrouver le chemin de la justice – alors la vie pourra triompher.