2
Seigneur, mon Die
u et mon salut,
dans cette nuit où je cr
ie en ta présence,
3
que ma prière parvi
enne jusqu’à toi,
ouvre l’or
eille à ma plainte.
4
Car mon âme est rassasi
ée de malheur,
ma vie est au b
ord de l’abîme ;
5
on me voit déjà desc
endre à la fosse, *
je suis comme un h
omme fini.
6
Ma place est parm
i les morts,
avec ceux que l’on a tu
és, enterrés,
ceux dont tu n’as pl
us souvenir,
qui sont exclus, et l
oin de ta main.
7
Tu m’a mis au plus prof
ond de la fosse,
en des lieux englout
is, ténébreux ;
8
le poids de ta col
ère m’écrase,
tu déverses tes fl
ots contre moi.
9
Tu éloignes de m
oi mes amis,
tu m’as rendu abomin
able pour eux ;
enfermé, je n’ai p
as d’issue :
10
à force de souffrir, mes ye
ux s’éteignent.
~
Je t’appelle, Seigne
ur, tout le jour,
je tends les m
ains vers toi :
11
fais-tu des mir
acles pour les morts ?
leur ombre se dresse-t-
elle pour t’acclamer ?
12
Qui parlera de ton amo
ur dans la tombe,
de ta fidélité au roya
ume de la mort ?
13
Connaît-on dans les tén
èbres tes miracles,
et ta justice, au pa
ys de l’oubli ?
14
Moi, je crie vers t
oi, Seigneur ;
dès le matin, ma pri
ère te cherche :
15
pourquoi me rejet
er, Seigneur,
pourquoi me cach
er ta face ?
16
Malheureux, frappé à m
ort depuis l’enfance,
je n’en peux plus d’endur
er tes fléaux ;
17
sur moi, ont déferl
é tes orages :
tes effrois m’ont rédu
it au silence.
18
Ils me cernent comme l’ea
u tout le jour,
ensemble ils se ref
erment sur moi.
19
Tu éloignes de moi am
is et familiers ;
ma compagne, c’
est la ténèbre.
Commentaire
Marcher à la suite du Christ
«La grâce à bon marché, c’est une annonce du pardon qui ne serait pas suivie de repentance… C’est la grâce qui ne serait pas reçue sans marcher à la suite de Jésus … La grâce sans la croix, une grâce qui fait abstraction de Jésus Christ vivant dans les tourmentes de son temps, Dieu ayant pris corps en lui.»
Dans Le prix de la grâce, Dietrich Bonhoeffer, dont nous venons de lire un extrait ci-dessus, dénonce une foi qui n’irait pas de pair avec un changement radical de vie.
Un peu à l’image de Jacques et Jean qui veulent profiter de la gloire à venir du Ressuscité en siégeant à ses côtés, mais sans revêtir véritablement la condition risquée de disciple.
«Comment pouvons-nous, à notre époque, vivre en chrétiens», s’interroge Bonhoeffer.
Dans l’enseignement d’aujourd’hui, Jésus nous invite à ce fameux renversement de valeurs qui le caractérise: «Le Fils de l’homme est venu non pour être servi, mais pour servir»... (v. 45).
Dans la bouche de Jésus, le pouvoir réside dans cet abaissement, dans ce service du prochain et dans l’engagement envers la communauté.
Plus proche de nous, Emmanuel Levinas souligne que ce qui nous rend humains, c’est notre capacité à assumer la responsabilité infinie que nous avons envers autrui.
Loin de la pensée moderne qui prône l’autonomie du sujet, nous sommes invités, à la suite du Christ, à penser et à porter ensemble notre commune humanité.
Marcher à sa suite est un chemin coûteux, celui que choisiront finalement Jacques et Jean puisque des indices (Ac 12,2 et suiv.) laissent penser qu’ils seraient morts martyrs – en tout cas Jacques frère de Jean, sous le glaive des soldats d’Hérode.