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Que viennent à moi, Seigneur, ton amour,42
J’aurai pour qui m’insulte une réponse,43
N’ôte pas de ma bouche la parole de vérité,44
J’observerai sans relâche ta loi,45
Je marcherai librement,46
Devant les rois je parlerai de tes exigences47
Je trouve mon plaisir en tes volontés,48
Je tends les mains vers tes volontés, je les aime,
Commentaire
À bon entendeur, salut!
Les théories de la communication ne sont pas très engageantes: entre ce que je pense et ce que je veux dire; ce que je crois dire et ce que je dis; ce que vous entendez ou ce que vous voulez entendre – ou non; ce que vous croyez comprendre et ce que vous voulez comprendre… il y a au moins neuf possibilités de ne pas s'entendre!
Dès lors ce qui compte, c'est moins la justesse des mots choisis avec soin, que l'écho existentiel qu'ils provoquent.
Ainsi en va-t-il des paraboles de Jésus, ces évocations décalées, parfois drolatiques de la vie quotidienne, qui portent le regard plus loin, vers la présence mystérieuse de Dieu.
Et voilà que, pour certains, elles restent… paraboles, petites histoires gentilles, quelque peu superficielles, juste bonnes pour les gamins!
Eh bien, non! La parabole n'est pas une béquille pour imbéciles! Avec le bibliste clairvoyant, nous disons: «Au lieu d'être un discours sur le Royaume, la parabole est le langage du Royaume» (D. Marguerat). Elle n'enseigne pas Dieu: elle le fait rencontrer. A bon entendeur… salut!
Mais alors, comment se fait-il que cela résiste? La Parole pourtant devrait faire son chemin sans encombre! La grâce n'est-elle pas irrésistible? Vérité d’expérience: des lieux et des temps de notre vie résistent à la semence de la Parole, malgré la générosité du semeur! Oui, sur le terrain de ma vie, fait d'éléments divers, il y a des choses en moi qui résistent à l'ensemencement de la Parole, quand d'autres portent fruit.
Cette résistance fait partie de la terre de nos vies, qui, ensemencée, se voit labourée, retournée, dérangée, peut-être blessée, pour donner du fruit. Ces temps à vide, ces moments de production déçue, d'engagement découragé, sont des temps de la vie nommés, reconnus comme tels, mais qui pourraient aussi être mis de côté parce qu'ils n'ont rien donné, parce qu'ils n'ont pas nourri.
Reste la germination dans la bonne terre. Inattendue elle aussi (on ne sait pas ce qu'on laboure), elle dit qu'il faut parfois du temps pour accueillir en vérité l'espace d'une parole et son déploiement. Quelque chose se passe… quelque chose travaille, qui échappe au regard; quelque chose vient qui se soustrait à l'intrusion du visible et du pouvoir présumé de ce qui se voit… L'accomplissement de la vie, son cheminement vrai, tient davantage dans l'ignorance du regard, dans la secrète germination de l'être humain à lui-même, que dans la seule apparition de l'épi à l'éclat du jour. C'est cela, le côté irrésistible de la grâce.