145
J’appelle de tout mon cœur : réponds-moi ;146
Je t’appelle, Seigneur, sauve-moi ;147
Je devance l’aurore et j’implore :148
Mes yeux devancent la fin de la nuit149
Dans ton amour, Seigneur, écoute ma voix :150
Ceux qui poursuivent le mal s’approchent,151
Toi, Seigneur, tu es proche,152
Depuis longtemps je le sais :
Commentaire
Texte miné, texte minant
« ...à servir d'expiation... »
Depuis mon adolescence, j'ai toujours eu de la peine avec la lecture sacrificielle de la croix: quand Jésus devrait satisfaire par sa mort ignominieuse la colère d'un Dieu vindicatif et mourir ainsi pour calmer le courroux du Père éternel devant la gravité du péché humain. Or, cette dramatique du salut, déduite d'une lecture (trop) immédiate de l'Ecriture, disqualifie tellement l'Evangile que les tentatives de sauver l'apparente objectivité des textes restent désespérées, jusqu'à gâcher des extraits comme celui du jour, pourtant tellement central dans le fil de l'épître.
On a parlé précédemment de fidélité, alors je m'interroge: quelle fidélité ? Sur ce sujet, c'est comme si elle rimait avec suivisme: c'est écrit, c'est comme cela. Etonnant littéralisme, étonnante crispation sur des mots peu pauliniens.
Et si ce n'étaient que des mots ? Des mots choisis pour rendre Dieu compréhensible à ceux à qui l'on écrit ? Des mots pour exprimer l'indicible, le Dieu obscur ou seulement différent, le Dieu impensé parce que impensable alors dans les catégories mentales et religieuses du temps ? Or n'a-t-on pas fait de Dieu le boucher qu'il n'est pas ?
Voilà ce que dévoile Dieu: en Christ, il couvre la faute (c'est le sens littéral de ces mots-là).
Et si du coup la justification, c'était aussi cela: pouvoir enfin recevoir Dieu, le Même, mais autrement, à la faveur d'une lecture un peu rebelle ?