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Tout le jour, ma déchéance est devant moi,17
sous les sarcasmes et les cris de blasphème,18
Tout cela est venu sur nous19
Notre cœur ne s’était pas détourné20
quand tu nous poussais au milieu des chacals21
Si nous avions oublié le nom de notre Dieu,22
Dieu ne l’eût-il pas découvert,23
C’est pour toi qu’on nous massacre sans arrêt,24
Réveille-toi ! Pourquoi dors-tu, Seigneur ?25
Pourquoi détourner ta face,26
Oui, nous mordons la poussière,27
Debout ! Viens à notre aide !
Commentaire
Le calcul ou le don
Pierre et un autre disciple suivent à distance, probablement sans trop savoir à quoi s’attendre ni comment se positionner. Jean décrit simplement les événements sans s’arrêter sur les sentiments de Pierre ni les juger… qu’aurais-je fait à la place de Pierre?
En rappelant la parole de Caïphe, «il est avantageux qu’un seul homme meure pour le peuple» (Jean 11,51-52), l’évangéliste met en avant le paradoxe de la Passion: alors qu’ils veulent liquider Jésus, ses adversaires vont réaliser la volonté de Dieu.
La parole de Caïphe est à double sens et c’est une prophétie involontaire. Dans la logique de Caïphe, c’est l’expression de son sens du calcul politique. Dans la logique de Dieu, cela signifie le don de son Fils pour «rassembler dans l’unité les enfants de Dieu dispersés» (Jean 11,52). La logique de Dieu est celle du don, celle de Caïphe le calcul. Et moi, est-ce que je calcule en espérant un retour ou est-ce que je m’inscris dans la logique du don?
La réponse n’est pas unique et mes intentions sont souvent mélangées. La figure de Pierre m’aide à me mettre en chemin avec mes contradictions pour aller vers plus de cohérence.
Jésus est interrogé en secret par le grand prêtre Hanne. L’interrogatoire semble purement formel. Jésus ne s’y trompe pas et il répondavec une certaine impertinence qui lui vaut une gifle. Par ses réponses, Jésus s’inscrit dans une attitude qu’on peut qualifier de non- violence active. Il renonce à la violence comme il le dira plus loin à Pilate (Jean 18,36), mais il ne se soumet pas à l’injustice. Il la met en lumière et fait appel à la conscience de celui qui l’a frappé.
Cette mise en lumière de l’injustice met d’ailleurs fin au pseudo-interrogatoire: les adversaires de Jésus n’ont rien à répondre. L’histoire a montré que la non-violence active comme moyen de résister au mal est efficace malgré son prix. L’attitude du Christ me questionne aussi sur mes attitudes face au mal. Est-ce que j’ose prendre la parole face à l’injustice ou est-ce que je me contente d’un silence démissionnaire, voire complice? A l’image du Christ, je veux vivre mes convictions jusqu’au bout et trouver en lui la force de résister.