1
D’âge en
âge, Seigneur,
tu as ét
é notre refuge.
2
Avant que n
aissent les montagnes, †
que tu enfantes la t
erre et le monde, *
de toujours à toujours,
t
oi, tu es Dieu.
3
Tu fais retourner l’h
omme à la poussière ;
tu as dit : « Retourn
ez, fils d’Adam ! »
4
À tes yeux, mille
ans sont comme hier,
c’est un jour qui s’en va, une he
ure dans la nuit.
5
Tu les as balay
és : ce n’est qu’un songe ;
dès le matin, c’est une h
erbe changeante :
6
elle fleurit le mat
in, elle change ;
le soir, elle est fan
ée, desséchée.
7
Nous voici anéant
is par ta colère ;
ta fure
ur nous épouvante :
8
tu étales nos fa
utes devant toi,
nos secrets à la lumi
ère de ta face.
9
Sous tes fureurs tous nos jo
urs s’enfuient,
nos années s’évanou
issent dans un souffle.
10
Le nombre de nos ann
ées ? soixante-dix,
quatre-vingts pour les pl
us vigoureux !
Leur plus grand nombre n’est que p
eine et misère ;
elles s’enfuient, no
us nous envolons.
~
11
Qui comprendra la f
orce de ta colère ?
Qui peut t’ador
er dans tes fureurs ?
12
Apprends-nous la vraie mes
ure de nos jours :
que nos cœurs pén
ètrent la sagesse.
13
Reviens, Seigne
ur, pourquoi tarder ?
Ravise-toi par ég
ard pour tes serviteurs.
14
Rassasie-nous de ton amo
ur au matin,
que nous passions nos jours
dans la j
oie et les chants.
15
Rends-nous en joies tes jo
urs de châtiment
et les années où nous connaissi
ons le malheur.
16
Fais connaître ton œ
uvre à tes serviteurs
et ta splende
ur à leurs fils.
17
Que vienne sur nous
la douceur du Seigne
ur notre Dieu !
Consolide pour nous l’ouvrage de nos mains ;
oui, consolide l’ouvr
age de nos mains.
Commentaire
Mort en espace clos
Ce titre fait penser à un titre de polar, mais il retranscrit exactement l’atmosphère de cette parabole et la psychologie des personnages. Le lecteur ne peut que s’identifier au propriétaire de la vigne qui a tout disposé à merveille pour le bonheur et le bien-être des vignerons: il leur confie un merveilleux outil de travail en parfait état de marche. On croit entendre la plainte des parents devant l’ingratitude de leurs enfants: « Après tout ce que nous avons fait pour eux, nous sommes vraiment mal récompensés.»
La part du propriétaire ne lui est pas remise, et ses serviteurs sont pris à parti; ils s’en retournent bredouilles, mais pleins de coups. Le sang versé se substitue petit à petit aux fruits de reconnaissance. Pour ce qui est des chefs religieux, l’image est limpide: leur peur des foules est le symptôme de leur maladie spirituelle, car ils se sont approprié la religion comme un système qui tourne sur lui-même en vase clos et qui ne dispose plus aux échanges vivifiants ni avec Dieu ni avec les personnes humaines. Le système produit la mort et l’exclusion.
N’est-il pas bon de rappeler que la foi n’est pas un rapport de dépendance qui susciterait quasi naturellement ingratitude et ressentiment: la foi culmine dans l’amitié qui est reconnaissance de ce qu’on doit à l’autre et aux autres. L’enfant gâté fait place au partenaire.