2
Pitié, mon Dieu !
Des hommes s’ach
arnent contre moi ;
tout le jour, ils me comb
attent, ils me harcèlent.
3
Ils s’acharnent, ils me gu
ettent tout le jour ;
mais là-haut, une arm
ée combat pour moi.
4
Le jo
ur où j’ai peur,
je prends appu
i sur toi.
℟
5
Sur Dieu dont j’ex
alte la parole,
sur Die
u, je prends appui :
plus ri
en ne me fait peur !
Que peuvent sur moi des
êtres de chair ?
6
Tout le jour, leurs par
oles me blessent,
ils ne pensent qu’à me f
aire du mal ;
7
à l’affût, ils épient, ils surv
eillent mes pas ;
comme s’ils voul
aient ma mort.
9
Toi qui comptes mes p
as vagabonds,
recueille en tes o
utres mes larmes ;
(cela n’est-il p
as dans ton livre ?)
10
Le jour où j’appellerai, mes ennem
is reculeront ;
je le sais, Die
u est pour moi.
℟
11
Sur Dieu dont j’exalte la parole,
le Seigneur dont j’ex
alte la parole, *
12
sur Die
u, je prends appui :
plus ri
en ne me fait peur ! *
Que peuvent sur m
oi des humains ?
13
Mon Dieu, je tiendr
ai ma promesse,
je t’offrirai des sacrif
ices d’action de grâce ;
14
car tu m’as délivr
é de la mort
et tu préserves mes pi
eds de la chute,
pour que je marche à la f
ace de Dieu
dans la lumi
ère des vivants.
Commentaire
La prédication inouïe de la croix
Voici LE texte de la théologie de la croix si chère à Paul, le cœur de son message. Pour lui, l’Evangile est un non-sens. Et en tant que non-sens, il agit comme puissance de Dieu, car il retourne tout. Tout ce qu’on sait, croit, pense. Pourquoi la croix est-elle un scandale ? Tout juif savait qu’un condamné pendu au gibet mourrait une fois physiquement, et une deuxième fois maudit de Dieu, exclu de son alliance à tout jamais, ce qui est bien pire ! Donc affirmer qu’un crucifié est notre Sauveur est inacceptable et une insulte à Dieu lui-même ! Il fallait pourtant que le Christ – présence de Dieu au monde – assume cette souffrance, habite cette malédiction ultime pour « donner Dieu » précisément à tous ceux qui se sentent maudits, exclus de son alliance sainte – nous !
Pourquoi la croix est-elle une folie ? Car elle exprime que c’est en perdant la vie «qu’on a» qu’on reçoit la vie « qu’on est ». C’est en consentant à la crucifixion dans mon ego – cette part de nous qui se bat pour son image – que je peux renaître à mon être profond, comme dans un passage de résurrection. Là aussi, c’est inacceptable pour toute pensée humaine qui croit être profonde et sage.
L’Evangile ne peut donc pas être annoncé comme une sagesse alléchante: il brise nos raisonnements, nos certitudes. C’est « in-ouï » : ce n’est qu’en lâchant nos besoins de sens, de sécurité et de reconnaissance et en nous tournant vers le Très-Bas que nous pouvons l’entendre.
Nous naissons faibles et nus, et nous mourrons tout aussi faibles et nus. « Devenir quelqu’un » aux yeux des hommes ne passera pas dans l’éternité. Paul rappelle avec une certaine rudesse que l’Evangile ne s’intéresse pas aux masques, aux personnages, aux rôles que nous rêvons de jouer. Briller en société, avoir du prestige et une belle place, être admiré de tous, figurer parmi les bien-pensants et les bien-nés, et même espérer devenir un grand spirituel – tout cela est simplement incompatible avec l’Evangile! Le Christ vient nous chercher beaucoup plus dans nos profondeurs, dans le fond de notre être, là où il n’y a plus de faux-semblants possibles, là où il n’y a plus qu’un « je suis ».
C’est un message difficile à entendre, car il va à l’envers de nos préoccupations habituelles. Nous avons tellement peur de ne pas être à la hauteur... Mais c’est paradoxal, car c’est lorsque je renonce à être quelqu’un et quand je me rappelle que tout ce que je suis m’a été donné d’en haut, que je suis le plus proche de la vérité de l’Evangile. Il y a mieux encore : C’est lorsque j’accepte d’être vrai et authentique devant les autres, avec mes failles et mes fragilités et dans la beauté de mon être profond, que je suis le mieux à même de témoigner du Christ. Car qu’a-t-il fait d’autre que de se dépouiller de toute gloire ?
Chez lui, il n’y avait plus qu’un « Je suis » d’une densité inouïe.