Commentaire

L’Evangile revisite le mythe de Sisyphe

Avec cette attaque frontale de Jésus contre les prescriptions alimentaires, ce sont les fondements mêmes de la législation juive qui sont ébranlés: à quoi servent ces prescriptions sur la pureté si ce qui vient du dehors ne peut nous salir (v. 15a)?
Prétendre purement et simplement abolir la loi par cette attaque contre le code mosaïque serait mal comprendre Jésus!
Au contraire, il est ici dans la droite ligne du ministère auquel Dieu l'a appelé auprès de son peuple: rétablir la loi dans sa vérité, cette loi conçue à l'origine pour changer ce qui est à l'intérieur de l'être humain. Il pulvérise l’assurance orgueilleuse de tenir le coup devant Dieu pourvu qu'on observe les prescriptions sur la pureté.
À cet égard, le catalogue des vices qui peuvent sortir du cœur de l'homme est révélateur: chacun touche à l’un des dix commandements, qui visent tous le for intérieur de l'homme. Il résonne comme une mise en garde – une invitation à «baisser la garde» devant la sainteté exigeante de Dieu.
Mais voilà, comme Jésus a l'air de le dire: le cœur humain est forcément perverti; reste alors la question angoissante: comment peut-il être purifié? Pouvons-nous parvenir à accomplir la volonté de Dieu?
C'est cela le «rocher de Sisyphe» des exigences de l'Évangile: plus on fait d’efforts pour le rouler en haut de la pente – ne comptant que sur nos propres forces – plus il dégringole vite
Jésus n'a pas donné de solution à cette situation sans espoir, parce que la seule vraie réponse sera donnée par sa mort et sa résurrection.
Elle sera donnée aussi par l'action du Saint-Esprit qui seul peut changer les cœurs et renouveler la certitude de l'infinie miséricorde de Dieu, dont le pardon est sans fin.