2
Seigneur mon Dieu, tu
es mon refuge !
On me poursuit : sauve-m
oi, délivre-moi !
3
Sinon ils vont m’égorg
er, tous ces fauves,
me déchirer, sans que pers
onne me délivre.
4
Seigneur mon Dieu, si j’
ai fait cela,
si j’ai vraiment un cr
ime sur les mains,
5
si j’ai causé du t
ort à mon allié
en épargn
ant son adversaire,
6
que l’ennemi me poursu
ive, qu’il m’atteigne *
(qu’il foule au sol ma vie)
et livre ma gl
oire à la poussière.
~
7
Dans ta colère, Seigne
ur, lève-toi, †
domine mes advers
aires en furie,
réveille-toi pour me défendre et prononc
er ta sentence.
8
Une assemblée de pe
uples t’environne : †
reprends ta pl
ace au-dessus d’elle,
9
Seigneur qui arb
itres les nations.
Juge-moi, Seigne
ur, sur ma justice :
mon innocence p
arle pour moi.
10
Mets fin à la r
age des impies,
afferm
is le juste,
toi qui scrutes les cœ
urs et les reins,
Die
u, le juste.
Commentaire
Le salaire et la couronne
«Ne recevoir aucun salaire, voilà mon salaire» dit Paul et, à sa façon, il peut nous amener à valoriser justement, dans l’Eglise, la nature profondément anti-marchande de ce qui s’y partage, signe de contradiction au milieu d’une société où, au contraire, tout s’achète et tout se vend.
Et puis, elle est impressionnante, la description de cet apostolat «aux quatre vents»! Tellement libre qu’il peut s’adresser indifféremment à ceux que tout oppose (juifs et non-juifs) et à tous les tempéraments religieux sans se confondre avec aucun. Et tout cela pourquoi ? «Afin d’en sauver quelques-uns.» (verset 22) Une telle dépense d’énergie pour un résultat dont Paul n’attend même pas qu’il soit faramineux! Humilité… Là encore, quelque chose nous est dit de l’excès de l’Evangile… loin des calculs et de la mesure.
Mais comment pouvoir aborder tant de diversité humaine et s’en rendre proche, marqués que nous sommes par notre culture et notre éducation ? L’Eglise, quant à elle, n’a-t-elle pas peine à s’assouplir dans son rapport aux cultures qui ne lui ressemblent pas? Il y a pourtant ici un horizon passionnant, que la mission chrétienne a pu viser depuis vingt siècles: celui d’être au nom du Christ radicalement tournée vers le tout autre, vers tout autre, dans le désir fou qu’il découvre dans cette liberté le sceau de l’Evangile.
Impressionnant apostolat ! Mais pourrait-il accaparer tellement l’apôtre qu’il s’y perde lui-même… Voilà peut-être pourquoi intervient la métaphore athlétique : le succès n’est jamais fortuit et dépend d’une discipline stricte que rien ne peut remplacer. A nouveau, l’apôtre semble devoir se justifier: non, son zèle n’est pas une « fuite en avant » éperdue, il reste conditionné à sa propre conduite.
Il y a à apprendre pour nous de cette exigence. Souvent notre élan nous pousse nous aussi dans plusieurs directions et nous nous voyons avec tant à faire, surtout pour les autres! Et il y a tant de problèmes autour de nous qui semblent insurmontables! La prudence veut que nous sachions, avant d’agir, nous replacer toujours devant Celui qui donne sens à tous nos engagements. Rappelons-nous ces paroles décisives de Jésus à ses disciples revenus de mission et s’enthousiasmant d’avoir chassé les démons en son nom: «réjouissez-vous plutôt de ce que vos noms se trouvent inscrits dans les cieux!» (Luc 10, 20).