1
Dans ma détresse, j’ai crié vers le Seigneur,2
Seigneur, délivre-moi de la langue perfide,3
Que t’infliger, ô langue perfide,4
La flèche meurtrière du guerrier,5
Malheur à moi : je dois vivre en exil *6
Trop longtemps, j’ai vécu parmi ces gens7
Je ne veux que la paix, mais quand je parle
Commentaire
Le prophète sentinelle
«La puissance du Seigneur m’avait saisi de façon irrésistible et je m’en allai le cœur triste et agité. Je restai sept jours parmi les déportés, dans la plus complète stupeur.»
Mais un prophète peut-il rester muet?
En ne disant rien alors que Dieu l’a chargé d’un message, Ezékiel serait comme Jonas au fond du bateau en perdition : il refuse de prendre sa responsabilité particulière dans la situation de nécessité commune à tous. Pour ranimer sa vocation et le transformer en partenaire, Dieu évoque pour lui la mission du guetteur, de la sentinelle.
Dans un système fortifié, son rôle est de prévenir les défenseurs de l’approche d’un danger. Devant rester invisible, il ne peut entreprendre quoi que ce soit à l’encontre de l’ennemi. Son activité méticuleuse et persévérante est l’observation. Elle permet que, si l’attaque advient, celle-ci ne prenne pas de court. La trahison du guetteur serait son silence … ou son incompétence. Oui, le prophète est un guetteur!
Porteurs d’une Parole, nous sommes nous aussi guetteurs.
À titre collectif en tant que membre d’une Eglise et individuel en tant que membre d’une famille, d’un groupe professionnel, d’un cercle d’amis.
Avec ceux à qui s’adresse le message de Dieu, je fais partie d’un même peuple, d’une même «cité», je vis d’une même culture. Guetteur, il faut l’être toutefois sans «moraliser», sans jeter l’opprobre, se rappelant la parabole évangélique de la poutre et la paille.
Est-il plus dangereux de se taire ou de trop parler?
Nos réticences, nos silences, sont-ils aussi humbles, charitables et «responsables» que nous le prétendons?