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Je t’exalterai, mon Dieu, mon Roi,2
Chaque jour je te bénirai,3
Il est grand, le Seigneur, hautement loué ;4
D’âge en âge, on vantera tes œuvres,5
Je redirai le récit de tes merveilles,6
On dira ta force redoutable ;7
On rappellera tes immenses bontés ;8
Le Seigneur est tendresse et pitié,9
la bonté du Seigneur est pour tous,
Commentaire
L’orgueilleux et l’humble ne perdent rien pour attendre !
De nouveau un songe advint à Daniel – appelé Beltshassar, nom de captivité donné par le roi qui détenait ce noble déporté – qui le terrifia au point d’hésiter à en faire part à son maître. Il s’agit d’un arbre splendide, de vigoureuse croissance, qu’un personnage céleste ordonne d’abattre. Le tronc sera abandonné aux intempéries mais la souche et ses racines demeureront en terre.
« Ainsi, Monseigneur, on va te chasser d’entre les hommes et tu vivras avec et comme les bêtes des champs. Sept périodes passeront sur toi jusqu’à ce que tu reconnaisses la royauté suprême de Celui qui donne vie à tous les êtres. » (4, 22-23).
C’est bien ce qui semble se produire puisque des documents babyloniens font état d’un proche descendant de la dynastie de Nabuchodonosor qui a dû abandonner sa capitale pendant plusieurs années, laissant le royaume à un régent … et des intrigues de cour.
On remarquera surtout la similitude de ce scénario de péripéties royales avec le destin de Daniel lui-même et ses compagnons, de Joseph, esclave vendu par ses frères en Egypte et devenu vice-roi de ce pays (Gn 37 à 50) et de la reine Esther (dans le livre biblique éponyme). La gouvernance de Dieu sur ses serviteurs et servantes n’est pas formée que de lignes droites …
L’orgueilleuse conscience que le roi a de lui-même (v. 27), la responsabilité royale qu’il exerce dans l’égoïsme d’un pouvoir jouissif provoquent la réponse cinglante du Ciel : dégradation et anéantissement personnel fondent sur lui et il doit fuir. S’agit-il d’une maladie contagieuse, d’un complot contre sa vie, d’une action guerrière ratée le couvrant de honte, d’une tempête politique ? On ne saurait le préciser.
Qu’importe : l’accent est mis sur Daniel, son amour pour Dieu, la loyauté dont il fait preuve envers son souverain et la véracité de ses prédictions ; le doigt du récit pointe la possibilité de conversion offerte à ce roi accapareur et autocrate, qui se prétend divin (v. 24) : au pire des pécheurs, la miséricorde de Dieu est (entr-)ouverte – « Peut-être y aura-t-il une prolongation pour ta tranquillité ! ».
Et puis, le temps est mesuré – Dieu, en tout cas, en tient le compte : « 12 mois après », « sept périodes » … Car il chemine vers la victoire sur le mal et le Royaume de son Fils. Qui donne sens à toutes les souffrances à subir « pour un temps » et toutes les fidélités à déployer.